Irlande 1932, après 10 ans d'exil aux Etats Unis, Jimmy Gralton (charismatique Barry Ward) revient auprès de sa mère (beau personnage de femme douce et forte) pour reprendre la ferme familiale...
Décidé à se tenir au carreau dans ce jeune pays encore verrouillé par l'église catholique et les propriétaires terriens, Jimmy se laisse pourtant très vite convaincre par les jeunes du comté de Leitrim de rouvrir le Hall, lieu mythique qu'il avait créé et à cause duquel il avait du quitter son pays..
Le Hall, lieu de liberté, permet à la jeunesse locale de prendre des cours de dessin, de chant et de poésie et de se retrouver pour danser... et en ceci le Hall est un insupportable défi pour les pouvoirs locaux, les notables et la toute jeune IRA...
Y voyant un foyer de communistes, ils vont multiplier les menaces en chaire et sur le terrain pour faire cesser cette rébellion progressiste...
Le père Sheridan (excellent Jim Norton), ne sait quelle attitude adopter face à ce "diable" de Jimmy qui ayant rapporté un phonographe, entreprend d'introduire le rythme du jazz et d'enseigner les rudiments du rock, cette danse de "noirs" aux jeunes et à leurs aînés ! Jimmy est si modeste, si "partageur" et si courageux qu'il force le respect de son adversaire en soutane - qui pourtant ne cesse de le combattre !
Ce qui fait le charme et l'attrait de ce film c'est la joie de vivre qui transfigure les visages et les corps au son de la musique ou à l'écoute des poèmes : impossible de rester de bois, le spectateur n'a qu'une envie c'est de rejoindre les danseurs sur scène...
Enfin tous les personnages, aussi bien les principaux que les secondaires sont formidablement campés ; une mention spéciale pour les femmes du film : la mère déjà citée, l'ex fiancée engagée Oonagh (troublante Simone Kirby) et le fille du principal propriétaire terrien Marie (pétillante Aisling Franciosi) qui refuse les codes de sa caste pour rejoindre ceux qui luttent !
Ken Loach qui a annoncé que ce serait sa dernière réalisation, signe ici un film jeune et engagé - à l'opposé d'un certain individualisme contemporain !
En tout cas et même si les grincheux soulignent le côté légèrement didactique du scénario, on en ressort le sourire aux lèvres avec une envie de se battre pour que la culture au sens large du terme puisse faire reculer la bêtise !