Gaël Morel a voulu dans ce film rendre hommage au monde ouvrier dont il est issu ainsi que Sandrine Bonnaire, principal personnage de Prendre le large...
L'histoire nous raconte le parcours d'Edith qui, à la surprise de tous, accepte un reclassement à Tanger où l'usine textile de Villefranche sur Saône où elle travaille, est délocalisée...
Edith nous est présentée comme une victime : du monde industriel qui l'exploite et lui a "pris" son mari décédé d'un cancer professionnel, du mouvement syndical qui n'a pas réussi à préserver son emploi et celui de ses camarades, mais également de l'indifférence de son fils qui est "monté" sur Paris pour vivre sa vie avec son compagnon...
Décidée à continuer à travailler coûte que coûte, Edith se heurte, dès son arrivée au Maroc, au racisme antifrançais et à la dure vie des ouvriers marocains...
Désireuse de faire table rase de son passé, elle tente de se construire une nouvelle vie auprès de Mina qui dirige la pension de famille où elle a atterri - et de son fils Ali qui lui rappelle les jeunes années de son propre fils...
Tourné dans des lieux réels, le film est bien documenté sur la réalité de la vie ouvrière des deux côtés de la Méditerranée mais pêche par un scénario improbable qui nous empêche d'apprécier le talent de Sandrine Bonnaire, plus vraie que nature dans ce rôle...
Contrairement à l'affiche, Edith/Sandrine ne sait pas sourire à la vie et le spectateur ressort attristé par cette femme qui se fuit dans le malheur sans jamais se poser les bonnes questions...