Le réalisateur Jia Zhang-Ke s'est inspiré d'une héroïne de la pègre des années 30-40 pour écrire son scénario...
Le film débute par une scène très sèche où Bin (impressionnant Liao Fan), chef de la pègre de Datong, fait avouer une faute à l'un de ses lieutenants, l'humiliant devant tous...
Sa compagne Qiao (formidable Zhao Tao), elle-même fille de mineur, également sur les lieux, se fait respecter de tous les hommes par sa brutale autorité...
Nous sommes en 2001 lorsque la Chine s'éveille à l'Ouest et que les jeunes gens tentent d'oublier leur quotidien en dansant des nuits entières dans des discothèques...
Lorsque Bin se fait attaquer par une bande rivale, Qiao n'hésite pas à s'interposer en tirant en l'air pour faire fuir les agresseurs de son amant...
Arrêtée par la police, elle sera incarcérée durant 5 ans à l'issue desquels elle prendra le train et fera 7700 kilomètres à travers une Chine à chantiers ouverts, pour aller rejoindre Bin qui la reçoit très froidement : Bin qui a une nouvelle compagne a tourné le dos à la pègre pour tenter de trouver sa place dans le capitalisme sauvage...
Ecoeurée par cette double infidélité alors qu'elle s'est sacrifiée pour lui, Qiao repart à Datong pour régner en patronne sur la pègre locale...
Et quand dix ans plus tard Bin réapparaît pour lui demander de l'aide, Qiao femme courage oublie ses griefs pour à nouveau lui tendre la main...
Jia Zhang-Ke filme son épouse et muse au plus près de ses émotions, nous livrant un beau personnage de femme qui s'inscrit dans la lignée de ses précédents films...
Mais contrairement à son dernier opus Au-delà des montagnes, son propos est si noir et si teinté de violence qu'il occulte presque la force de l'histoire...
A voir bien évidemment pour Zhao Tao et pour l'aspect documentaire du film qui illustre les années d'agitation sociale qu'a connu la Chine entre 2001 et nos jours !